La première fois fut un baiser. Depuis ce temps… elle ne se souvient pas, pas toujours. Une caresse volée, un malaise éphémère, un plaisir triomphant. Une contrariété passagère, un amour victorieux. Des doutes effacés, une méfiance manipulée. Après tout, ils s’aimaient, non?
Elle se sentait encore mieux lorsque c’était elle qui était gentille avec lui. Il était heureux, elle était fière. Une fois, il lui avait même enseigné comment faire de l’exercice. Elle fut félicitée. Ils en faisaient beaucoup ensemble, mais ce n’était pas comme à l’école : « Toi, tu es une grande », disait-il.
Elle n’aurait jamais dû en parler.
D’abord un choc, plus douloureux que les ecchymoses qui parsèment maintenant sa peau de lait. Puis les accusations. On la prit pour une idiote. Il la prit pour une nulle. Tous l’ignorèrent. Ils déménagèrent, elle cessa d’aller à l’école. Pour la première fois il la frappa. Elle reprit conscience dans la cave de la nouvelle maison.
Elle ne voulut plus faire d’exercice… mais cette fois-là, lorsqu'il la prit de force, elle sentit les lames du viol déchirer son âme. Aujourd’hui elle sait que résister ne fait que déchirer son corps.
Si ce n’était de son visage meurtri, elle crierait. Condamné, elle se contente d’ignorer ses pertes de mémoire et d’attendre que les pas de son géniteur descendent les marches de l’escalier.