*Imaginez une musique de fond de style cabaret sexy*
*Imaginez maintenant que ce qui suit est lu par un homme à la voix masculine, style Les feux de l'amour*
J'étais assis. Au bar. Juste là. Non, l'autre banc... Voilà.
Donc j'étais assis au bar lorsque je la vis.
La main à la poitrine, elle me regardait. Son visage, parsemé de milliers de petites étoiles, me dénudait, exprimant sans aucune pudeur ses sexuels desseins. J'imaginais déjà son souffle sur ma peau, l'odeur de ses cascades bouclées et la courbe de son cou sous la caresse de ma main. Son rire désarçonnant me traversait le corps, m'envoûtant, faisant grandir en moi le désir de son être, être d'une sexualité déconcertante. D'où j'étais, je pouvais apercevoir sa hanche presque dénudée et des yeux je suivais la route de sa silhouette vers un nouveau monde coloré. Chacun de ses mouvements excités sur sa chaise, doublés de son regard, était comme une invitation à venir, à la connaître davantage.
Finalement, je passai à l'action. Sûr de mes dons de séduction, je la gagnai à ma cause par mon simple sourire. Nous montâmes à sa chambre, champagne en main. Tout naturellement, elle prit place sur le lit après avoir retiré ses jolies chaussures: elle savait ce qu'elle faisait. Son svelte corps allongé, ses cheveux se balançaient sur ses majestueuses épaules et elle me sourit d'un sourire hypnotisant, enchanteur. Ses dents étaient blanches, droites, oh, miracle orthodontique!
C'est alors que je sus que je l'aimerais.
Je ne savais où poser les yeux. Sa poitrine aguichante? Ses hanches accueillantes? Ses parfaites jambes?
Confusion. Mais que faire de mon corps? Comment agir? Depuis quand une femme pouvait-elle me mettre dans un tel état? N'étais-je pas l'homme de la situation? L'initiateur? Habituellement, celui qui a le contrôle? Près d'elle je me trouvai perdu.
Plus confiante que jamais je n'aurais pu l'être avec une amante, elle m'invita sur le lit et me servit à boire. Rires! Regards! Souffles! Sans savoir comment, nous nous découvrîmes enlacés, déjà lancés dans une exploration à l'issue incertaine, mais pleine d'une anticipation impatiente. Il semblait que nous étions deux aimants, s'approchant de plein gré, s'attirant contre notre volonté. Je pu humer ses cheveux qui sentaient aussi bon qu'ils étaient beaux; je pu goûter ses lèvres qui m'enivraient autant que son visage étoilé. Était-ce vraiment cela où s'agissait-il du champagne?
Et quand nos regards se croisèrent à nouveau, je compris pour la première fois qui j'étais: Un homme, un fou des femmes, faible, continuellement destiné à tomber sous leur irrésistible charme, se bernant lui-même, croyant contrôler ces fascinantes créatures. Je tentai de comprendre, perturbé, de saisir ce qu'avait de si extraordinaire cette nymphe pour me conduire dans de telles réalisations, mais je ne pu que tressaillir alors qu'elle me prit d'assaut.
La bouteille roulant sur le sol, nous nous livrâmes à notre pétillante passion, ne tardant plus à nous éprouver dans d'éternels préliminaires.
Avec ardeur nous nous aimâmes.
Avec tendresse nous fîmes l'amour.
Tout doucement nous nous dîmes ces paroles enivrantes.
Après nous être consumé jusqu'à s'en brûler physiquement, je contemplai la suite dans laquelle je me trouvais, une merveille du monde étendue près de moi. L'aube, qui lentement commençait d'éclairer la ville, jetais sur son corps un voile qui rendait sa peau pure d'une blancheur exquise. Partout où je posais les yeux je percevais les traces de notre amour: dans ces draps satinés, le fauteuil, la peau d'ours près du feu, le petit balcon... même la table de salon portait la marque de l'union de nos fluides.
Puis l’appel de la nature se fit entendre : je passai à la salle de bain, toujours perdu dans mes pensées. Ma besogne acquittée, je me dirigeai directement au balcon pour fumer un cigare. De là-haut, Paris était magnifique. Avec ses rues complexes, un vrai labyrinthe, un volcan toujours en activité. De plus en plus, je comprenais que Paris et moi ne faisions qu’un. J’étais nu, et je commençais à frissonner. Je n’avais maintenant plus qu’une envie, de retourner me tapir sous les draps, blotti contre ma Belle.
Le lit sembla vaciller quand je compris que je m’étais blotti contre un oreiller.
*Ici, la musique s'interrompt. Ne vous inquiètez pas, elle reprendra très bientôt*
Je jetai un coup d’œil rapide à la pièce seulement pour me rendre compte que tout avait disparu, ses jolies chaussures, ses vêtements. Elle avait même pris la peine de placer la bouteille de champagne et les coupes sur le plateau d’argent, celui sur la petite table près de la peau d’ours.
J’avais raison : elle savait ce qu’elle faisait. La veille au soir, alors nous nous courtisions, elle savait ce que faisait.
Elle savait déjà ce qu’elle ferait.
Je me senti désemparé, bouleversé. Comme à l’habitude en temps de souffrance, je m’empressai de recourir au remède ultime et j’avalai tout ce qu’il restait d’alcool dans la suite. Une petite bouteille de liqueur à la menthe…
Dans ma frustration et mon incompréhension du moment, je descendis au bar, question d’enfiler quelques verres. Si frustré de me retrouver dans la situation dans laquelle j’avais abandonné tant de femmes! Consterné par mon propre pathétisme, voilà comment je me trouvais.
Les verres s'accumulaient devant moi. Je racontais au garçon de l'autre côté du comptoir, mes déboires, mon premier échec amoureux. Le regard brumeux, mes yeux rougis erraient quand ils se posèrent à nouveau sur ceux d'une autre déesse. Qu’elle était belle! Ce corps de sirène... Je me tus pour apprécier la beauté qui s'étalait devant moi et le serveur m'offrir un verre, comme pour me remercier de ce soudain silence. Il sembla qu’elle aussi appréciait mes atouts physiques. Alors une nouvelle valse nuptiale débuta. Et lorsqu’elle se mit en route vers sa chambre et qu’elle me fixa dans les yeux, je ne pu résister à l’envie de la suivre…
*Voilà maintenant la musique qui reprend, dans un crescendo très sexy*